Au lendemain de la chute du mur de Berlin, la Hongrie, la Pologne et la République tchèque entament la transition post-socialiste avec pour objectif de se transformer en économies capitalistes, ce qui implique notamment de privatiser les entreprises d'État et de laisser se développer le secteur privé. Cette transformation a cependant emprunté des voies diverses dans chaque pays en fonction des méthodes de privatisation mises en œuvre, des formes de propriété qui en résultent et de leur évolution ultérieure. Ces caractéristiques ont varié sous l'influence des formes et de l'intensité des conflits entre les divers groupes sociaux participant au processus de privatisation. L'expérience polonaise est ainsi dominée par le conflit entre gouvernements et insiders des entreprises d'État, la trajectoire hongroise par la tension entre gouvernements et acteurs économiques nationaux à propos du développement de la propriété étrangère, tandis que le cas tchèque se singularise par le rôle des fonds de privatisation issus des privatisations de masse.

Ce livre propose une lecture originale de la transition post-socialiste en Europe centrale en étudiant ces trois trajectoires nationales de propriété. Quelles sont leurs spécificités et comment les expliquer ? Partagent-elles malgré tout des points communs ? Les particularités nationales se maintiennent-elles ou tendent-elles à s'estomper et pourquoi ? Ces questions sont abordées à travers un cadre analytique d'économie institutionnelle qui permet de s'interroger sur les continuités et les ruptures des évolutions, sur les bifurcations des trajectoires et sur la nature des processus de changement institutionnel en jeu.

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